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Sandrine Ben David
17 octobre 2008

Dream Makers - design meets technology et Hadas Ofrat

dream_makers

LE RÊVE, LA RÉALITÉ ET L'HOMME
par Sandrine Ben David

« Dream Maker : Design meets technology » ( « Les faiseurs de rêve ou le design rencontre le technologie » ), visible depuis le 5 janvier 2007 au pavillon Palevsky du Musée d'Israël, est une exposition qui étudie le passage du concept à l'objet réel, grâce à l'utilisation d'une imprimante tridimensionnelle originale. Première exhibition de sa sorte, « Dream Makers » rassemble les énergies créatrices de soixante-treize stylistes israéliens qui font usage de cette technologie innovatrice. Le résultat portraiture le parcours visuel du virtuel au physique : depuis le design informatique initial d'un objet et jusqu'à sa transformation finale en un prototype.

Les objets exposés ont été, en premier lieu, créés et produits sur fichiers informatiques tridimensionnels, puis « imprimés » par la merveilleuse machine, développée par la start-up israélienne « Objets Géométries », qui reconstitue la forme de l'objet couches par couches. L'exposition propose de jeter un coup d'oeil vers le futur, où cette technologie pourrait devenir accessible à tous et où n'importe qui serait alors capable de télécharger, depuis son ordinateur personnel, un objet par Internet et de l'imprimer en trois dimensions, à domicile.

Les cinquante trois travaux exposés démontrent un éventail assez large d'approches possibles de cette technologie – depuis les objets utilitaires jusqu'à l'étude de problèmes mécaniques et structuraux : Anticipation, par Michal Chen et Rose Shachnaï, est l'empreinte exacte d'un foetus à sa vingtième semaine de vie intra-utérine ; Morning Glory, est une lampe créée par Daniel et Gad Charny qui utilise un mécanisme télescopique pour atteindre dix fois sa taille originale ; enfin, Two Acres of Sprouted Thoughts, de Barak Asher, est une représentation tridimensionnelle futuriste de nos emails journaliers où notre courrier personnel possèderait une nouvelle topographie, combinant le texte, les objets, les paysages et les individus.

L'exhibition « Dream Makers » est illustrée par un catalogue complet ainsi qu'un film d'animation en salle qui en explique le processus technologique.

« Engagement – Israeli Photography Now » ( « Engagement – Photographes israéliens d'aujourd'hui »), visible depuis le 9 janvier, regroupe les travaux photographiques de onze artistes israéliens contemporains : Gérard Allon, Gaston Zvi Ickovitch, Amnon Yariv, Oded Yedaya, Yaïr Barak, Sharon Paz, Sharon Yaari, Barry Frydlender, Erez Israeli, Adi Nes et Shaï Kremer. A travers leur art, ils expriment leurs opinions critiques sur les récents développements nationaux dans les domaines politique, social et sécuritaire.

La photographie et la vidéographie sont parmi les principaux médias modernes de l'expression créatrice, en même temps qu'ils représentent le plus efficace et le plus fidèle des outils de surveillance et de compte-rendu de l'état de santé des nations et des sociétés. Les documents visuels et les témoignages qu'ils produisent reflètent et réactualisent indéfiniment l'image des pays et des cultures, de leur développement et des changements qui les marquent. La réalité quotidienne israélienne représente un environnement caractérisé par la tension omniprésente et où l'unique gageure est celle de la survie individuelle et collective. depuis l'Intifada et jusqu'aux problèmes liés à la construction du Mur de Séparation, en passant par la dernière Guerre du Liban et le phénomène de pauvreté grandissant dans le pays, ces dernières années et en particulier l'année 2006 ont été terriblement traumatisantes en Israël. Les onze photographes de l'exposition « Engagement – Israeli Photography Now » affrontent, à travers leurs travaux, cette détresse nationale, en tant qu'artistes mais aussi en tant que citoyens. La guerre, l'escalade de la violence, la discrimination sociale, l'instabilité politique – celles-ci et bien d'autres maladies de la société contemporaine sont traitées dans cette exhibition, de diverses manières où fusionnent le contexte culturel local et les valeurs citoyennes de chaque artiste. Les ouvrages expriment tous une implication profonde et douloureuse dans la terrible réalité qui les a commandé. Dans un lieu où le passé et le présent, le personnel et le politique sont à jamais inséparables, ces travaux visuels témoignent de l'engagement de leurs créateurs pour tenter d'améliorer à la fois l'image et la réalité de leur pays. Leur contribution n'appartient pas seulement au domaine artistique, mais elle s'applique à l'articulation de la culture israélienne toute entière.

« Come-back – New Works By Hadas Ophrat » (« Retours – Derniers travaux de Hadas Ophrat »), visible depuis le 19 janvier au pavillon Billy Rose du Musée d'Israël, est une série de cinq installations multidisciplinaires qui combinent des éléments structuraux avec le Vidéo Art et les sons. Les travaux de l'artiste traitent des cycles, des contrastes entre les extrêmes et de leurs réconciliations, ainsi que des processus de la naissance et de la mort. Tous ont en commun le composant de l'ordre absolu allié à une portée physique et émotionnelle remarquable. Les thèmes du jardin, de la semence, de l'épice, du portrait et de la femme rayonnent autour de la figure de l'artiste, omniprésente dans les vidéos, mais aussi évoquée à travers l'utilisation des feuilles de myrrhe («hadas» en hébreu) et des lettres initiales de ses nom et prénom.

Hadas Ophrat est un artiste visuel de renom qui participe activement et depuis de longues années à la culture artistique israélienne, par des travaux visuels remarquables et parfois même révolutionnaires, créés individuellement ou en commun avec d'autres artistes. Pendant les quinze dernières années, il s'est progressivement orienté vers la sculpture, le son et le Vidéo Art. L'exposition « Come-back » concrétise la réunion de ces différentes disciplines. Son installation principale est un jardin stylisé de feuilles de myrrhe, gravé sur une surface plate de bois, au centre duquel est placé un clip vidé circulaire. Le film passe alternativement de l'image de graines mues par des mains ou d'autres parties du corps à celle de Hadas, revêtu d'une combinaison de mousse qui altère la stature oblongue de son corps pour lui donner la forme d'un embryon humain. Cette installation est une image ultrasonique de l'artiste en constante naissance de soi, où les lianes de myrrhe convergent vers la vidéo centrale comme les veines nourricières vers le foetus, symbolisant l'auto nutrition émotionnelle et psychique de l'être créateur.

La dernière installation de cette exposition est à l'extrême opposé de la première, puisque le terme Empathie (son intitulé) s'intéresse à l'autre au delà du moi. Il s'agit d'une pièce rectangulaire vide, toute blanche, avec une seule ligne rouge au centre du mur frontal. L'enregistrement sonore des coups violents donnés par les joueurs et des rebonds de la balle, diffusé par six haut-parleurs cachés dans les murs, concrétise l'univers hermétique et masculin d'un court de squash. Ce lieu symbolise la puissance physique de l'homme, l'énergie du mouvement, et surtout la réciprocité. Il est un corps porteur, au même titre que le jardin de la première installation, du rythme cardiaque de l'interaction, de la tension et de la relation humaine. A travers chacun des travaux présentés dans l'exposition « Come-back », Hadas Ophrat a multiplié son identité physique et artistique vers des extrêmes opposés qu'il jouxte pour tenter de les ordonner et de les réconcilier. Cette exhibition est illustrée par un très beau catalogue qui regroupe de magnifiques photographies et les articles de Tali Tamir, Guy Gutman et Dror Burstein.

« Dream Makers : Design Meets Technology », « Engagement Israeli Photography Now » et « Come-back – New Works by Hadas Ophrat », au Musée d'Israël de Jérusalem jusqu'au mois de juin 2007.

Jerusalem Post édition française,
30 janvier 2007.

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