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Sandrine Ben David
5 décembre 2009

Femmes de parole : Ronit Elkabetz

La première ambassadrice du cinéma israélien en France ne chôme pas. C’est le moins qu’on puisse dire.
 
En préparation de l’écriture de son troisième long métrage en tant que réalisatrice, après « Prendre Femme » et les Sept Jours », et quelques semaines après la sortie en salle de la « Fille du RER » dans lequel André Téchiné l’a dirigée, Ronit Elkabetz vient d’achever les tournages de trois grands films. : le très attendu  « Cendres et Sang » de Fanny Ardant, actuellement en post-production ; « Maboul », un film israélien de Gaï Nativ, le réalisateur de « Zarim », lui aussi en fin de montage ; et enfin, le dernier long métrage de Keren Yedaya (« Mon Trésor », Palmes d’Or  du scénario, de la mise en scène et de l’interprétation féminine à Cannes en 2004), intitulé « Jaffa » (titre hébreu « Kalat Hayam »), et qui devrait être parmi les nominés sur la Croisette, édition 2009…

Avant de repartir sans trêve pour deux nouveaux tournages, « Tête de Turc », de Pascal Elbe, avec Roshdie Zem et Simon Abkarian, puis un premier film de Brigitte Sy, ex-epouse de Philippe Garrel et mère de Louis Garrel, avec qui elle tournera cet été, et lors de son apparition au dernier Festival du film israélien de Nice, dont elle était la marraine, Ronit Elkabetz a accepté de se raconter aux lectrices et aux lecteurs d’Alliance.

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Le jeu de l’acteur

Je ne me fais aucune faveur comme je  n’en fais aucune à mes personnages. Je ne suis indulgente qu’avec mon spectateur.

L’écriture

Elle est linéaire. Je raconte une histoire, j’écris un scénario et je tourne un film, toujours, depuis son début jusqu’à sa fin.

La caméra

Dans mon premier film, elle était claustrophobe, parce qu’il fallait exprimer l’étouffement que mon personnage, Vivianne, ressentait. Dans les Sept jours, elle est fidèle à la situation du deuil et elle prend ses distances avec tous les acteurs, sans exception, justement à cause du nombre et de la masse. Je n’accepte et ne choisi que la forme qui va servir mon histoire, et si mes choix sont arbitraires, mon seul arbitre est la vérité.

La femme

Elle est au centre du monde et au cœur de la vie. C’est la plus lourde responsabilité possible.

Les hommes

Si mon regard est plus critique vis-à-vis de mes personnages masculins, ma tendresse n’est pas moins grande.

L’accomplissement

Je grandis avec ma création. Vivianne, mon personnage principal, qui porte en elle toutes les femmes du monde, murit elle aussi avec ma trilogie. La maturité, c’est comprendre que quel que soit le chemin que tu va choisir, il sera digne de toi.

La pensée

Ma pensée est radicale parce que j’aspire à la pureté.

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Le bonheur

Je trouve son expression dans la quiétude du foyer.

La joie

C’est la création. Rien ne me motive plus dans la vie.

La colère

Je ne travaille pas ce genre d’énergie. Les sentiments négatifs ne sont pas les bienvenus dans mon monde.

L’héroïsme

Je crois que c’est Victor Hugo qui a dit : « Ceux qui se battent sont ceux qui survivent ». Je pense que le héros est celui qui se dit chaque matin en se réveillant : « Je ne renoncerai pas encore aujourd’hui. »

Un souvenir

La mémoire ne me sert que pour créer. Je ne regarde jamais en arrière.

Un rêve

Le cycle de ma vie est fait de mes rêves et de la réalisation de ces rêves. J’attends chaque jour la nuit pour rêver, et j’attends chaque nuit le jour qui vient pour exhausser mon rêve.

La beauté

C’est l’acceptation. De toi, du monde. La bonne intention, la bonne volonté, et la générosité.

La réincarnation

Je crois que j’ai vécu de nombreuses vies et qu’elles sont encore vivantes et claires en moi. Je les cherche et je les retrouve, et je crée avec elles.

La force

Je la trouve dans une autodiscipline quotidienne inflexible. Je ne me laisse aucune possibilité de flancher.

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La consolation

Ma mère. C’est mon ange sur cette terre et dans cette vie. Elle me donne tellement de force.

Ronit Elkabetz dit qu’elle est très fière d’être le visage du cinéma israélien en France, qu’elle est très heureuse de prendre part au phénomène, encore très jeune, de son épanouissement en Europe, en particulier grâce aux nombreux festivals de cinéma israélien comme celui de Nice, ou encore l’ « Isratim » parisien qui a fêté cette année sa neuvième édition.

« Je regrette cependant, malgré les nouveaux accords de coproduction franco-israéliens et l’aide que nous apportent les pays européens, comme l’Allemagne et la Belgique, qu’il n’y ait pas ou peu, en Israël, de chaîne de télévision et d’investisseur pour soutenir les projets. La situation est telle aujourd’hui que, même s’il y a plus d’argent, il n’y a pas assez de force productrice par rapport au nombre de films ».

Il faut souhaiter que sa parole soit entendue en Israël. En attendant, rendez-vous à Cannes…

Propos recueillis par Sandrine Bendavid (Alliancefr.com avril 2009)

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Sandrine Ben David
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