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Sandrine Ben David
6 décembre 2009

Shalom, Mister Swing !

Toute une génération de Français se souvient, nostalgique, d'un jeune homme romantique qui chantait dans les années 1970 les souvenirs de ses vacances d'enfant, au bord de la mer. Il regardait les bateaux, et suçait des glaces à l'eau... Le grand Michel Jonasz a beaucoup évolué depuis cette époque et il est très difficile aujourd'hui de l'associer à une seule catégorie musicale. Entre swing, blues, frénésie tzigane et french jazz, il est un des rares artistes français à n'accepter aucune étiquette, C'est sans doute parce qu'il est avant tout un grand auteur compositeur et un très grand musicien, qui a su traverser les styles comme les années, sans jamais perdre son identité artistique.

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Michel Jonasz, pour la première fois de toute l'histoire de sa carrière, viendra bientôt faire l'honneur de son immense talent à un public israélien de connaisseurs, lors d'un spectacle unique qu'il présentera le dimanche 19 mars 2006 au "Palais des arts de la scène" (Michkan Leomanouyot Habama) de Tel-Aviv. Drancy, Seine-Saint-Denis, banlieue parisienne. Cette ville, tristement célèbre pour avoir hébergé un camp de transit vers les chambres à gaz nazies durant la Seconde Guerre mondiale, voit naître Michel Jonasz le 21 janvier 1947, dans une famille juive d'origine hongroise. La première musique qu'il entend est celle du violon tzigane de son père. Michel est très tôt attiré par les arts, en particulier la peinture et le théâtre. Le déménagement de sa famille à Paris le rapproche du centre culturel qu'est la capitale. Michel quitte l'école à quinze ans avec l'accord de ses parents, s'essaie au théâtre, puis se tourne définitivement vers la musique. Très tôt bercé par Brel, Brassens et Ferré, il vit une véritable révélation avec la découverte de Ray Charles et de "What'dI Say".
Michel devient en moins de deux ans pianiste et compositeur. Il fonde son premier groupe avec son ami Alain et ne tarde pas à se lancer dans l'écriture, se forgeant progressivement un style musical bien à lui.

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En 1972, Michel chante sur la scène de l'Olympia, en première partie de Stone et Charden, puis sort son premier album en 1974. "Super Nana" et "Dites-moi" font progressivement connaître le chanteur au public, mais c'est en 1975, avec son second album et "Vacances au bord de la mer" que Jonasz découvre le succès. Les années 1980 vont marquer une ouverture de l'artiste vers tous les domaines artistiques la scène, le théâtre, le cinéma... Accumulant les disques d'or, les récompenses (prix Raoul Breton, prix Charles Cros, Victoires de la musique...), les tournées et les tubes ("Joueur de blues", "Lucilie", "La Boîte de jazz", "La FM qui..."), le chanteur devient une des valeurs sûres de la chanson française.
Il crée en 1987 un inoubliable spectacle, "La fabuleuse aventure de Mister Swing", où il s'accompagne d'une formidable équipe de musiciens, qui donne lieu à la sortie d'un double live une année plus tard. Huit semaines à la Cigale et six semaines au Casino de Paris à guichets fermés, suivies d'une tournée triomphale dans l'Hexagone.

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194 représentations au total, devant 450 000 spectateurs conquis. Les années 1990 sont celle d'un retrait volontaire l'artiste se consacre à des projets plus spirituels et humanitaires comme "Sol en Si". Il sort pendant cette période deux albums, mais ne remontera sur scène qu'avec le passage au nouveau millénaire, pour une immense tournée internationale dont Israël et l'une des bienheureuses destinations. Michel Jonasz, ému et impatient de découvrir les paysages et les individus du pays hébreu, a accepté de faire quelques confidences aux lecteurs impatients du Jerusalem Post édition française.

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Vous avez déjà visité le Moyen-Orient lorsque vous aviez une vingtaine d'années. Quels souvenirs gardez-vous de cette région du monde ?

J'étais parti dans ce périple avec deux amis, de Paris, dans une petite Diane de l'époque. On avait envie de jouer les aventuriers. Nous ne sommes pas passés par Israël mais nous avons voyagé jusqu'au Liban. Je me souviens de la Turquie et de la Syrie... Mais ce sont essentiellement des souvenirs d'amitié et de complicité.

Mais ce n'est pas la première fois que vous venez en Israël...

C'est la première fois que je vais chanter en Israël, mais je m'y suis rendu plusieurs fois en vacances avec ma famille et j'y ai tourné le Testament d'un poète juif assassiné, adaptation du roman d'Elie Wiesel. Chanter ici est une envie que j'avais depuis longtemps. Les artistes, hélas, ne sont jamais seuls à prendre leurs décisions. Les producteurs ont opposé à mon envie plusieurs difficultés d'ordre matériel. Et surtout il fallait quelqu'un, ici, qui soit capable d'organiser un spectacle comme le mien et qui ait envie de me faire venir en Israël.

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Avez-vous préparé ce spectacle différemment pour le public israélien ?

Non, même s'il est clair que l'expérience d'un lieu et d'un public particulier fait qu'un spectacle n'est jamais exactement le même à chacune des étapes de la tournée. Mais sur le plan du répertoire, c'est le même tour de chant que celui que je fais depuis un an, fondé sur mon dernier album, auquel j'ajoute quelques anciennes chansons que j'aime bien comme Super Nana ou Joueur de Blues.

Finalement, Israël est une destination comme une autre ?

Certainement pas. Qui peut dire qu'Israël est une destination comme une autre ? J'ai un lien charnel, familial et génétique avec ce pays. Ce n'est pas du tout la même histoire que pour les autres stations de la tournée. J'éprouve une avidité, une émotion particulière en sachant que je vais chanter ici. C'est une sensation presque mystique. Il y a aussi une dimension spirituelle à cette rencontre, du fa_ de mes ancêtres et de ma famille, pour lesquels je vais certainement avoir une pensée particulière C'est un spectacle que j'attends avec une grande impatience.

Connaissez-vous le public israélien ? Savez-vous qu'il est grand amateur et connaisseur de mus et de jazz en particulier ?

J'avoue mon ignorance mais mon intuition me dit que c'est un peuple humaniste, curieux, se-s e et intelligent, J'ai une grande confiance dans la qualité de ce public, dont la dimension spirite s,' e 1:: forcement s'exprimer aussi par l'intermédiaire de la musique.

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Quelle place le judaïsme occupe-t-il dans votre vie ?

-Le judaïsme a toujours fait partie de ma vie, même si j'ai ma propre façon de le vivre. Je n'ai pas été élevé dans la tradition. Ma relation était surtout une relation de souffrance, ma famille ayant été déracinée et déportée.
Puis progressivement, j'ai commencé à aller dans des synagogues, j'ai appris un peu l'hébreu avec Yaël Yotam. Mon lien avec Israël n'est ni mental ni intellectuel. Je me sens lié à ce peuple de par son histoire et l'histoire de ma famille.

Aurez-vous le temps de visiter un peu le pays, et peut-être de rencontrer ses artistes ?

Pas pendant cette tournée, mais je souhaite vivement revenir hors du cadre du travail pour mieux connaître Israël. Ce que je peux dire déjà, d'après mes expériences passées, c'est qu'Israël est un pays qui transforme les êtres. Il y a quelque chose dans l'air qui ramène l'être à soi-même. Ce n'est pas forcément une expérience facile pour tout le monde, mais je souhaite prendre le temps de la vivre jusqu'au bout un jour. Je me réjouis en tout cas de cette nouvelle rencontre que j'attends comme on attend un rendez-vous avec quelqu'un qu'on ne connaît pas encore vraiment, mais qu'on devine déjà.

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Le rendez-vous d'amour entre Monsieur Swing et son nouveau public ne devrait pas manquer d'être un événement exceptionnel, autant musicalement que spirituellement. La rencontre aura lieu le dimanche 19 mars à 20h30, au Palais des arts de la scène de Tel-Aviv. Réservations : 03-544 60 41/2 ou sur www.hashigaon.com.

Sandrine Ben David (Jerusalem Post Edition Française, mars 2006)

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