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Sandrine Ben David
6 décembre 2009

L'art au féminin

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Aline Frisch est une photographe originaire de Belgique qui vit et travaille en Israël depuis une dizaine d'années. Spécialiste du portrait, elle a photographié les plus célèbres artistes et personnalités politiques nationales. Il y a un peu plus d'un an, suite à une grave crise familiale, Aline a arrêté de travailler et s'est totalement et volontairement isolée du monde extérieur. L'exposition que l'artiste présente au public à Tel-Aviv et l'ouvrage du même titre qui l'accompagne sont le résultat de cette période d'enfermement et d'introspection.

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"Les grandes décisions de ma vie, celles de ma carrière professionnelle et celle de ma montée en Eretz, ont été prises par hasard. Je suis pourtant quelqu'un de très structuré et de très prévoyant. Après des études initiales de littérature et de psychologie, j'ai appris la photographie pendant quatre ans à Bruxelles, dans une école très technique où la chimie et les mathématiques étaient des matières prédominantes.

J'ai décidé ensuite de faire mon alyiah subitement, à l'âge de 23 ans. Israël a été un choc pour l'Européenne que j'étais, mais j'ai tout de suite été séduite par les gens, leur spontanéité, leur caractère franc et direct.

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J'ai appris un jour que la propriétaire de YediothAharonot était belge et originaire de ma ville natale, je suis allée la voir avec mon ?book' et j'ai commencé à travailler pour La Isha en tant qu'indépendante. Mes premiers portraits ont été ceux de femmes de carrière, puis j'ai photographié sans le savoir des gens de plus en plus célèbres.

Comme je n'avais pas de budget pour avoir un studio, j'ai travaillé dès le départ dans mon appartement que j'ai progressivement aménagé. Cela a créé une situation particulière où les gens, pénétrant mon intimité, se sentaient plus à l'aise de me laisser pénétrer la leur avec mon objectif, où nos univers se mélangeaient par l'intermédiaire d'un lieu partagé, d'un vêtement emprunté pour une pose?

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J'ai aussi travaillé pour Cosmopolitan, pour d'autres magazines et aussi pour des clients privés, hommes politiques et personnalités publiques que les boîtes de relations publiques m'envoyaient.

Il y a un an environ, une grave crise financière et affective a bouleversé ma famille demeurée en Belgique et réveillé des angoisses personnelles enfouies depuis plusieurs années et qu'il fallait que je gère enfin. J'ai arrêté mes contrats professionnels, je me suis coupée du monde extérieur et je me suis enfermée dans mon appartement pour ne plus sentir les douleurs du dehors et me reconcentrer vers moi-même.

Je me suis toujours beaucoup intéressée au visage féminin, au langage du corps, au fonctionnement de l'esprit humain. Etant clans mon appartement qui est aussi mon studio, n'ayant personne autour de moi et ne voulant pas rester oisive, c'est tout naturellement que je suis devenue moi-même l'objet de mon travail artistique.

Je savais déjà regarder mon visage et mon corps au-delà de leur simple apparence physique. J'ai voulu les faire parler, les faire parler de moi. Et j'avais tellement à dire que je me suis mise à rajouter des textes sur les photographies.

J'y ai encore ajouté d'autres textes, pour expliquer au gens que leurs corps et leurs visages sont des outils exceptionnels de communication, pour qu'ils les comprennent comme j'avais compris les miens et qu'ils apprennent à s'en servir de la bonne manière.

Je n'ai pas la prétention ni le désir d'avoir créé une nouvelle forme d'expression artistique. Ce qui est important, c'est qu'en me connectant avec moi-même, je me rapproche des énergies et des autres. Je suis en train de créer un second travail qui s'intitule Earth Talks et qui observe les énergies du monde et des éléments autour de l'être humain.

"Body Talks", exposition des photographies d'Aline Frisch au centre commercial de Ramat Aviv, galerie des fenêtres musicales.
Renseignements : 054-201 10 31. Site : www.alinefrisch.com

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Muriel Taylor vit depuis plus de trente ans à Jérusalem. Astrologue et écrivain de son métier, bien que vivant dans un milieu artistique, elle n'a jamais étudié la peinture. Il y a deux ans et demi, Muriel a découvert qu'elle avait un cancer et s'est immédiatement mise à peindre des tableaux abstraits, d'instinct, sans chercher à savoir si ce qu'elle créait avait une réelle valeur artistique, mais avec une passion et une intensité de travail hors du commun. Aujourd'hui, des centaines de toiles s'accumulent dans son atelier. Elle en peint cinq ou six à la fois et dit en avoir des dizaines d'autres qui se bousculent dans sa tête en attendant d'être posés sur la toile. Malgré ses réticences et sa relative indifférence à être reconnue, son entourage s'est rapidement rendu compte de son exceptionnel talent et ses tableaux sont exposés et vendus à travers tout Israël aujourd'hui.

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"Je dis souvent en plaisantant que les médecins ont du mettre quelque chose dans mes chimiothérapies, un produit magique qui a tout déclenché. Je continue de faire de l'astrologie à petites doses pour des clients amis que je vois de temps en temps, mais, pendant presque tout mon temps libre, je peints. Cela a commencé quand nous avons déménagé dans notre nouvelle maison. J'avais récupéré tous les morceaux de céramiques qui n'avaient pas été utilisés pour les travaux, sans savoir tout d'abord ce que j'allais en faire.

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Avec ces pièces et d'autres matériaux de récupération domestique, j'ai fabriqué une grande mosaïque sur le mur intérieur de mon jardin. Une de mes amies, qui venait d'ouvrir un centre de gymnastique à Givat Shaul, est tombée amoureuse de cette mosaïque et m'a demandé de décorer le centre. C'est comme cela que j'ai commencé à peindre mes tableaux. En trois mois, j'avais créé cent vingt toiles. Les clients du centre se sont enthousiasmés pour mon travail et j'ai commencé à recevoir des commandes et à exposer un peu partout.

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Peindre est pour moi une thérapie et un plaisir tout à la fois. Avec les couleurs sur mes toiles, je crée de la joie. Je fais très peu d'huile, surtout de l'acrylique. J'ai appris toutes mes techniques de travail par moi-même, sur le tas, sans prendre de leçons. Mais je n'utilise que les moyens qui servent mon propos, comme la technique de bulles et de gouttes qui est très présente sur mes toiles, référence au goutte à goutte des traitements chimiothérapiques.

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L'art figuratif ne m'a jamais parlé. Ce que j'aime dans l'abstrait, c'est qu'il donne à voyager. Les clients du centre de gymnastique entraient dans mes toiles comme dans autant d'univers. J'ai reçu de nombreuses lettres où les gens m'expliquaient ce qu'ils avaient ressenti en observant mes toiles.

Chaque interprétation est unique et différente des autres. Je trouve cela fabuleux. Ce qui m'intéresse, c'est de donner du bonheur aux gens, de pouvoir les transporter hors du monde pendant quelques minutes.

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C'est un autre langage et un autre univers, qui touche en nous certainement des choses dont nous n'avons pas toujours conscience. Si mon art ne m'a pas encore guéri et si je ne compte pas sur lui pour me guérir, il me donne de la bonne humeur et me permet de vivre bien au jour le jour.

J'ai créé un site Internet qui s'appelle Healing with colors (guérir avec les couleurs, ndlr) et je projette de peindre et d'exposer l'année prochaine à Paris. Pour l'exposition du centre culturel de Jérusalem, j'ai eu l'idée d'illustrer les tableaux avec des citations d'écrivains français : Romain Gary, bien sûr, mais aussi André Gide, Francis Blanche, Sacha Guitry, Main Finkielkraut et d'autres... Je me sens privilégiée de pouvoir exposer dans un lieu francophone en Israël. Mon art est l'expression d'une autre perspective sur ma vie, sur la vie, que j'ai envie de partager avec les autres, ici et ailleurs".

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"Hymne a la vie", exposition des tableaux de Muriel Taylor, au centre culturel français de Jérusalem, jusqu'au 30 avril 2007.
Heures d'ouverture et renseignements : 02-624 31 56, ou sur le site www.murieltaylor.com

Sandrine Bendavid (Jerusalem Post Edition Française, avril 2007)

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