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Sandrine Ben David
2 janvier 2010

Du rire et du rêve pour tous les goûts

Le cinéma français continue de franchir les frontières de l'hexagone. Deux nouveaux films français tout à fait sympathiques, bien que de styles très différents, débarquent en Israël, avec les premières pluies de la saison qui ramènent traditionnellement le public, surpris par là fraicheur de l'automne, vers le confort et la chaleur des salles obscures. La Science des rêves, dernier opus de Michel Gondry (Eternal Sunshine of the Spotless Mind), avec Charlotte Gainsbourg, Alain Chabat et l'acteur argentin Gael Garcia Bernai dans les rôles principaux, est sur vos écrans depuis quelques jours déjà, dans les salles des cinémas Lev.

 

Quant au dernier long métrage de l'un des célèbres scénaristes réalisateurs de comédies "à la bonne franquette" en la personne de Francis Veber (Les Compères ; L'Emmerdeur ; La Chèvre ; Le Dîner de Cons), La Doublure, avec Daniel Auteuil, Kristin Scott Thomas, Virginie Ledoyen et Gad Elmaleh, sortira dans les salles Rav Hen le 9 novembre prochain. De quoi réchauffer agréablement vos soirées pluvieuses.

La Science des rêves est le premier film que Michel Gondry a intégralement écrit et réalisé. Il avait travaillé pour ses deux films précédents avec le scénariste Charlie Kaufman, avec qui il avait coécrit les scénarios de Human Nature et de l'inoubliable Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Ces films avaient été tous les deux tournés aux Etats-Unis et c'est la première fois que Michel Gondry filme dans son pays natal, avec au casting une grande majorité d'acteurs français.


Ce changement s'exp ique par le fait que La Science des r
êves est une histoire autobiographique, censée faire Partager au public les lieux et les périodes qui ont marqué la jeunesse du réalisateur.

L'immeuble, par exemple, dans lequel habitent les deux héros du film (puisqu'il s'agit encore une fois d'une histoire d'amour), Stéphane (Gael Garcia Bernai) et Stéphanie (Charlotte Gainsbourg), est celui dans lequel vivait Michel Gondry en 1991 et dans lequel réside, jusqu'à ce jour, la mère de son fils.

L'histoire débute avec l'arrivée à Paris de Stéphane qui revient en France chez sa mère, alors qu'il vivait au Mexique, et qu'il vient de perdre son père. Celle-ci (Miou Miou) lui a trouvé un emploi dans une entreprise de calendriers promotionnels. Stéphane, l'imaginatif qui rêve de créativité, déchante vite lorsqu'il se rend compte que son travail de maquettiste s'applique à de vulgaires séries de Photographies érotiques. Les clients de son entreprise n'ont que faire d'un esprit créatif et ses collègues de travail sont des types franchouillards grossiers jusqu'à la caricature, avec qui le jeune homme, déjà pas très bien dans sa peau, a beaucoup de mal à communiquer, sans compter la barrière de la langue.

Stéphane souffre non seulement de cette nouvelle vie triste et monotone, mais il souffre aussi d'un, mystérieux syndrome qui le rend incapable de distinguer les états de veille et de sommeil et le fait vivre sa vie deux fois et dans deux mondes différents, l'un bien réel et l'autre totalement féerique. Le jour de l'emménagement de sa nouvelle voisine, la belle et timide Stéphanie, celle ci le prend pour le copain d'un copain venu l'aider, et le quiproquo engendre le début de l'idylle entre les deux jeunes gens à l'esprit fantasque, qui vont se découvrir une passion commune pour le bricolage de matériaux de récupération...

La caméra de La Science des rêves a été traitée pour lui donner l'aspect du Super 8, teinter ainsi l'histoire et les personnages des couleurs moroses de la réalité et donner au spectateur l'impression du documentariste intime et de la proximité. Le couple improbable Garcia Bernal-Gainsbourg est extrêmement maîtrisé par le réalisateur qui muselle les deux acteurs au profit de la petitesse de la condition humaine et de la grandeur de la beauté onirique.

Car l'acteur principal de ce film est bien le rêve tout comme la mémoire était celui de Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Ce n'est pas très important de savoir si Stéphanie aime ou pas Stéphane, ni si l'histoire se tient.

Ce qui est important dans La Science des rêves, comme son nom l'indique, d'ailleurs, c'est la poésie et la nostalgie du monde de l'enfance que Michel Gondry refuse à l'évidence de quitter, et qu'il sait si bien nous faire aimer et parfois aussi, pour ceux nombreux d'entre nous qui ont grandi un peu trop vite, nous faire regretter. On sort de la salle avec un sourire au coin des lèvres, les yeux qui clignotent de beauté et d'extraordinaire et l'envie de feuilleter un vieil album photo pour rappeler à notre mémoire les mondes merveilleux de l'âge innocent. Pour tous ceux qui veulent apprendre ou réapprendre à rêver..

Nombreux sont ceux qui attendent avec impatience de découvrir le nouveau François Pignon, héros traditionnel des comédies populaires cultes de Francis Veber, interprété successivement par Jacques Brel, Pierre Richard, puis Jacques Villeret. Celui-ci n'est autre, en effet, que le "chouchou" des francophones israéliens, Gad Elmaleh qui prouvait aux yeux de tous, il y a quelques mois, sa place d'honneur dans notre coeur, en remplissant la salle de trois milles spectateurs du Binianei Haouma à Jérusalem, lors d'un spectacle dont on se souvient encore aujourd'hui. Et Gad Elmaleh n'est pas venu seul participer à cette superbe partie de rigolade qu'est La Doublure, puisque son compère comique Danny Boon  mais aussi les vedettes Daniel Auteuil et Richard Berry ont dit "oui" au réalisateur, prouvant ainsi une fidélité professionnelle de longue date.

Mais la particularité du dernier film de Veber est la place qu'il y fait pour la première fois aux femmes, avec les nouvelles venues Alice Taglioni, Virginie Ledoyen et Kristin Scott Thomas. Francis Veber, qui jusqu'alors écrivait exclusivement des histoires d'amitié entre hommes, invite cette fois-bi l'amour et les quiproquos et gags qui vont avec dans son univers cinématographique.

Pignon, personnage chaplinesque par excellence qui n'a naturellement rien demandé à personne mais à qui tout arrive, a maille à partir dans ce nouvel épisode avec le millionnaire Pierre Levasseur (Daniel Auteuil), patron d'une multinationale et marié avec la principale actionnaire, mais extrêmement épris d'Elenar (Alice Taglioni), un top model de rêve. Surpris avec sa jeune maîtresse par un paparazzi et terriblement effrayé à l'idée du désastre financier que représenterait un divorce, Levasseur, aidé de son avocat machiavélique (Richard Berry), profite de la présence fortuite de François Pignon sur la Photographie publiée dans la presse pour inventer un mensonge invraisemblable.

Contre promesse de mariage à sa belle, il persuade la sublime Elena d'aller vivre pendant quelques temps dans la chambre de bonne du jeune homme et de faire semblant qu'elle est sa compagne. Et Pignon, voiturier de son état, se retrouve non seulement au lit avec une déesse, mais aux prises avec la presse, les filatures et la jalousie titanesque de Levasseur, tout cela au risque de perdre la confiance de ses amis et l'amour de celle qu'il aime...

Francis Veber déteste l'ennui, aime le rythme, les parties de ping-pong verbales et les gags à tire-larigot. Il est sans conteste le roi du pur divertissement cinématographique en France et son dernier film e prouve à nouveau. Veber est aussi un formidable créateur de personnages, attachants par leurs faiblesses, drôlissimes lorsqu'ils sont excessifs, touchants aussi par leurs excentricités.

Pignon-Elmaleh est craquant au possible lorsqu'il ignore la bombe atomique assise en face de lui au restaurant et fait les yeux doux à celle qu'il rêve d'épouser depuis l'enfance (et quelle vengeance, pour toutes les filles aux mensurations standards de penser que Gad nous préfère à Claudia Sheaffer...).

Le père de celle-ci, médecin et hypocondriaque, est à la fois drôle et émouvant lorsqu'il s'évanouit sur l lit de son patient et demande à celui-ci de lui faire une piqûre. Levasseur est hilarant lorsque, poussé per une jalousie irrationnelle, il ne se retient plus de fulminer contre la mise en scène qu'il a lui-même commanditée. Ces personnages ne manqueront sans doute pas de vous rappeler les grandes comédies de Molière. Et Francis Veber, à l'instar du génial écrivain dramatique dont il sest inspiré, cache lui aussi sous la "doublure" de son histoire drôle, une critique véritable de la société moderne. Son film est au final une comédie sentimentale très sympathique et moins légère qu'elle n'en a l'air, pour tous ceux qui savent que rire et réfléchir ne sont pas forcément contradictoires.

La Science des rêves, de Michel Gondry, actuellement dans les cinémas Lev.

La Doublure, de Francis Veber, dans les salles Rav Hen, à partir du 9 novembre.

 

Par Sandrine Ben David, 7 novembre 2006

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