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Sandrine Ben David
4 décembre 2009

Hanna Laslo bientôt à Paris

La seule actrice israélienne à avoir remporté la prestigieuse Palme d’Or de la meilleure interprétation féminine du festival de Cannes – c’était en 2005 avec le film « Free Zone » d’Amos Gitaï - est de retour en France, avec un film américain cette fois-ci. Hanna Laslo, célèbre en Israël pour ses rôles comiques (« Givat Halfon Eina Ona » (1976), « Am Israël Hay » (1981)) et ses « one-woman-shows », s’est fait en revanche connaître à l’étranger au travers de personnages dramatiques forts. Tel est celui de Shwester, une rescapée de la Shoah qu’elle interprète dans le dernier long métrage de Paul Schrader, « Adam ressuscité », adapté du roman éponyme de Yoram Kanyuk. En avant première du festival du film israélien à Paris et dans le cadre de la première mondiale des « films de Yad Vashem », Hanna Laslo viendra présenter ce film à Paris, le 22 mars prochain. Petite fille et fille de déportés, elle raconte au Jérusalem Post l’expérience d’un rôle très investi.

laslo

Pouvez-vous nous parler de votre rôle ?

Je joue dans le film le rôle de Shwester (« sœur » en allemand), qui est celui de deux jumelles, dans le roman original, mais que nous avons transformé dans le film en un seul personnage. Shwester a survécu aux camps de la mort nazis et fait partie des patients de l’institut de réhabilitation et de thérapie, construit en plein désert du Néguev pour accueillir les survivants de l'Holocauste, et dans lequel Adam Stein, le héros de l’histoire, est aussi convalescent. Les résidents de cet institut ont tous perdu leurs esprits, emportés dans l’horreur de la Shoah, et leurs consciences fracassées par l’innommable errent entre accès de folie absolue et moment de clairvoyance d’une justesse rare. Shwester est obsédée par la venue du Messie, et elle croit que c’est Adam. C’est comme cela que s’exprime sa folie. Le rôle que je joue est en grande partie en yiddish. Shwester chante des chansons en hébreu et en yiddish, que Paul Schrader m’a demandé de rechercher pour le film.

Ce rôle a-t-il été une expérience difficile pour vous ?

On m’a demandé il y a peu comment je m’étais préparée pour ce rôle, ce à quoi j’ai répondu « je m’y suis préparée toute ma vie ». Mes parents sont tous les deux des survivants de la Shoah. J’ai grandi avec deux sortes de vérité. Celle de mon père, qui disait « Dieu est mort dans la Shoah » et qui ne croyait plus en rien; et celle de ma mère, qui malgré l’horreur, qui continuait d’aimer Di-eu et de croire en sa bonté, reprochant aux hommes seuls les crimes nazis. Je n’ai pas grandi dans une maison triste et désespérée, mais nous étions seuls, sans aucune famille puisque tous sont morts. Lorsque mes parents se sont rencontrés dans le train, juste après la libération des camps, ils étaient seuls au monde. Leurs unions a été un moyen de survivre au vide immense de leurs vies et de leurs cœurs. Je suis une actrice comique qui amuse les israéliens depuis plus de vingt-cinq ans, mais je porte la Shoah en moi depuis toujours. Peut-être que c’est justement par le rire que j’ai choisi inconsciemment dès l’enfance de me protéger du mal. J’ai d’ailleurs réussi à intégrer une partie de cet humour dans le personnage de Swester. Je me souviens que Paul Schrader m’a téléphoné après le montage du film et m’a dit qu’il n’aurait jamais imaginé que mon personnage puisse être drôle. La comédie n’est pas seulement un talent d’acteur ou d’actrice, c’est aussi une sorte d’armure.

Qu’est-ce que la Palme d’Or a change dans votre vie ?

Peu de choses en réalité. Je n’ai pas pris la grosse tête en tout cas (rires). Tout s’est passé si vite et de manière tellement inattendue. J’ai à peine eu le temps de réaliser ce qui s’était passé. Je suis très fière d’avoir gagné ce prix et je suis consciente de sa valeur, mais je suis surtout heureuse de l’avoir reçu à cinquante plutôt qu’à vingt ans. Cela m’a évité la tête qui tourne et les lendemains qui déchantent. Je suis très fière d’avoir joué pour un metteur en scène aussi prestigieux que Paul Schrader et j’espère continuer à tourner pour le cinéma américain Je sais que les rôles pour les actrices de mon âge sont rares, mais je regrette que le cinéma français ne m’ait rien proposé après la Palme d’Or. Je suis ouverte à toutes les propositions ! (rires)

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Quels sont vos projets, à l’heure actuelle ?

Je travaille avec un scénariste israélien à un rôle sur mesure, dans un film fait et écrit pour moi, mais je n’en dirai pas plus pour l’instant…

Hanna Laslo prépare actuellement au théâtre Gesher en Israël le Tartuffe de Molière, dans lequel elle interprètera le rôle de Dorine. L’avant-première de « Adam ressuscité » aura lieu le 22 mars 2009, à 19 heures, à la Maison de l’Unesco, 125 avenue de Suffren à Paris. La totalité des bénéfices de cette soirée sera reversée au Mémorial de Yad Vashem. Renseignements au 01 47 20 99 57.


Sandrine Bendavid (Jerusalem Post Edition Française, mars 2009)

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